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- PathoSophie - Un Art Vivant: Sagesse née des Deuils and de la Souffrance par Azul Thomé
PathoSophie - Un Art Vivant: Sagesse née des Deuils and de la Souffrance par Azul Thomé
PREFACE
Les livres-jumelles que vous tenez entre les mains sont remarquables et
surtout précieuses pour notre époque, une époque « hors-sol », une époque
rendue « flottante » par la perte des liens avec le vivant et le sensible. Une
époque, comme elle le dit, marquée par l’amnésie et l’anesthésie, c’est-à-dire,
par la dissociation et le trauma.
Lorsqu’une parcelle de terre est dévastée par les machines, mise à nue,
écorchée, il y a toujours des petits êtres qui viennent discrètement la
consoler, la guérir, panser ses plaies et lui tenir compagnie : les plantes dites
« adventices ».
Ces plantes pionnières poussent là où il n’y a rien, dans des conditions
hostiles à la vie. Elles grandissent là où la Terre est désertée, polluée, tassée,
là où il fait trop chaud, trop sec ou trop froid. Là où personne ne veut aller.
Les Hommes les appellent « mauvaises herbes », car elles contrarient leurs
plans. Elles n’en font qu’à leur tête ! Elles leur montrent aussi qu’ils n’auront
jamais le dernier mot. Elles leur enseignent (mais ils ne peuvent pas
l’entendre) le vrai langage de la nature : l’amour, la patience, le don et le soin.
Azul est une mauvaise herbe. Elle fait partie de ces rares personnes toujours
en avance — donc en décalage avec la société — qui savent transformer le
handicap de la dyssynchronie en force de vie. Quel est son « Terre-eau » ?
Toute cette matière sombre : les souffrances, la mort, les peurs, les ombres,
tout ce que les gens ont l’habitude d’éviter. Elle composte cette matière pour
en faire germer de la beauté, de l’art, des rituels. Avec tant de larmes pour les
arroser !
À cause—grâce à son parcours de vie « chaoteux », Azul a fait de sa
guérison une nécessité. Puis, comme toute adventice qui prépare le sol pour
que d’autres plantes plus douillettes puissent venir s’installer (les buissons et
les arbres), elle s’est aussi mise sur le chemin de la transmission : préparer le
terrain pour que d’autres puissent grandir et traverser leurs ombres.
Avec persévérance et solitude (le sort de toute pionnière), elle utilise la mort
et la souffrance pour se reconnecter à la vie et à plus grand que soi. C’est
beau ! Elle créé des rituels — ces indispensables processus collectifs de
fabrication de LIENS et de SENS — pour ancrer cela dans les corps et les
communautés, pour rendre cela plus puissant et plus… triste—joyeux.
J’ai connu Azul en 2013, elle était alors activiste et organisait des potagers
collectifs sur les toits des supermarchés à Londres.
En quelques années, je l’ai vue se transformer. Elle a lâché l’activisme
matériel pour l’activisme de l’âme (soul activism), parce que l’époque lui
demandait. Au fil des saisons, avec son petit baluchon brodé, au carrefour de
plusieurs cultures, elle a exploré ces sombres—lumineux territoires, avec
pour seuls outils des larmes, du fil et une aiguille, et un cœur ouvert.
Elle est devenue — et je suis étrangement soulagé de cela — une vraie
sorcière des temps modernes, résiliente—résistante, toujours vulnérable (il y
a quelque chose de fragile et puissant chez les mauvaises herbes
résistantes).
Le livre Pathosophie montre en quoi les souffrances et les douleurs liées à la
perte (deuils) portent des messages qui doivent être accueillis par nos âmes.
Ces choses sombres que nous fuyons font partie intégrante de la vie !
Le livre sur les 9 passAGEs est plus pratique. Il fournit une boussole pour se
repérer dans sa vie et nous stimule à inventer des rituels pour traverser toutes
ces « petites morts » qui nous font grandir.
Ces livres-jumelles compilent dix ans de recherches. Elle y expose à la
lumière tout ce qu’elle a découvert, créé, pleuré, rassemblé, inventé,
connecté, organisé, dessiné, concocté, mélangé, fermenté dans l’ombre.
C’est d’une richesse inouïe. Un point de départ et un encouragement. Une
potion magique qui fertilise. Pablo Servigne
Avec Gratitude
Azul